Étouffement du chien : les gestes d’urgence pour lui rendre de l’air
Un jeu anodin, un morceau avalé de travers… et soudain votre compagnon peine à respirer. Dans ces instants, la bonne réaction fait toute la différence. Le bon réflexe est évidemment d’appeler immédiatement le vétérinaire et d’y foncer, mais dans certains cas, il faut agir très vite.
Avec quelques techniques simples et sûres, tout maître peut intervenir un minimum s’il estime que son chien ne peut pas attendre de voir le vétérinaire en urgence et suaver la vie de son chien, du chiot au senior.
Repérer vite une obstruction respiratoire
Une quinte de toux banale laisse des pauses où le chien reprend son souffle et reste globalement détendu. À l’inverse, l’étouffement s’accompagne de bruits rauques, d’un halètement inefficace ou d’un blocage complet du passage de l’air.
Surveillez des indices clairs de détresse respiratoire : une langue qui vire au bleu ou au violet, des gencives bleutées ou blanchâtres, l’impossibilité d’aboyer, des pattes qui fouillent frénétiquement la gueule, une agitation intense ou une rigidité soudaine.
- Petits chiens (<15 kg) — position tête en bas contre votre poitrine, puis 5 tapes entre les omoplates.
- Grands chiens — allongé sur le côté, réalisez 5 compressions abdominales vers le haut (type Heimlich).
- Ne jamais presser directement la gorge.
- Respiration encore difficile : urgence dans l’heure.
- Perte de connaissance : urgence vitale, réanimation + transport immédiat.
- Saignements dans la gueule : clinique sans attendre.
- Même après extraction de l’objet : consultation rapide pour éviter œdème laryngé.
Agir sans se blesser et sans aggraver l’obstruction
Approchez calmement par le côté pour limiter la peur et le risque de morsure réflexe. Parlez doucement, évitez les gestes brusques et, si possible, faites-vous assister pour sécuriser l’animal sans le comprimer.
Inspection de la gueule en sécurité
Ouvrez la bouche avec prudence: mains de part et d’autre des mâchoires, légère pression sur les joues derrière les crocs pour limiter la fermeture. Éclairez avec une lampe et ne tentez de retirer un objet que s’il est parfaitement visible et saisissable. Ne fouillez jamais à l’aveugle, au risque de pousser le corps étranger plus profondément.
Manœuvres de désobstruction selon la taille
Petits chiens (<15 kg) — Maintenez le dos contre votre poitrine, tête orientée vers le sol. Administrez 5 tapes nettes entre les omoplates, puis vérifiez la cavité buccale. Reprenez si nécessaire.
Grands chiens — Couchez le chien sur le côté. Placez vos mains juste derrière les dernières côtes et exercez une pression ferme, dirigée vers le haut et l’avant, 5 fois de suite (type Heimlich). Contrôlez ensuite la gueule et répétez si besoin.
Point critique : évitez toute pression sur la région du larynx ; concentrez l’effort sur le thorax et l’abdomen cranial.
Réanimation cardio-pulmonaire (RCP) canine
Si le chien perd connaissance et ne respire plus, installez-le sur le côté droit, tête légèrement surélevée. Repérez la zone de compression à la base de la poitrine (au niveau où le coude touche la cage thoracique). Réalisez 30 compressions thoraciques rapides, en enfonçant la cage d’environ un tiers de sa profondeur, puis pratiquez deux insufflations bouche-à-truffe en gardant la gueule fermée et en soufflant dans les narines. Enchaînez les cycles jusqu’au retour d’une respiration spontanée.
Quand consulter en urgence et comment prévenir
Même après une désobstruction réussie, des lésions internes et un œdème laryngé peuvent survenir. Appelez la clinique vétérinaire et partez sans tarder si la respiration reste laborieuse, en cas de perte de connaissance, de saignements buccaux ou au moindre doute.
Transport vers le vétérinaire
Pendant le trajet, gardez la tête légèrement relevée, la gueule entrouverte, et évitez la position sur le dos pour ne pas laisser la langue obstruer les voies aériennes.
Prévenez la clinique de votre arrivée en décrivant les signes et les gestes effectués, afin d’accélérer la prise en charge.
Limiter les risques au quotidien
Écartez les dangers fréquents: os cuits qui se fragmentent, balles de tennis usées dont le feutre s’arrache, chaussettes, noyaux de fruits, bouchons de liège, petits jouets d’enfants. Choisissez des jouets adaptés à la taille de votre compagnon: ce qui convient à un chihuahua devient risqué pour un berger allemand, et l’inverse est vrai. Préférez un caoutchouc naturel dense, contrôlez l’usure et remplacez dès les premiers signes de fragilité.
Côté alimentation, évitez les restes de table contenant des os ou des arêtes (le poisson recèle des arêtes fines difficiles à voir). Misez sur des friandises formulées pour chiens. En dressage, enseignez le « lâche » précocement: ce signal de sécurité peut empêcher l’ingestion d’un objet dangereux.
Garder son sang-froid et connaître ces protocoles transforme un moment de panique en action maîtrisée. En révisant régulièrement ces gestes, voire en suivant une formation de premiers secours canins, vous gagnerez en confiance et offrirez à votre chien les meilleures chances en cas d’étouffement.
